Toulouse con tour

Nous reproduisons ici, avec l'autorisation des auteurs, un article de feue Casa Nova qui proposait, jusqu'en 2017, une autre façon de faire de la politique.

 

Avec nos remerciements, et nos regrets concernant sa disparition.

 

 

« TOULOUSE CON TOUR » saison 2 : 

 

La saison 1 était musicale avec  Art Mengo, Magyd Cherfi et Yvan Cujious .

 

https://www.youtube.com/watch?v=wzsUG8BgnPw

 

La saison 2 pourrait être urbaine avec Jean Luc Moudenc, Alain Garès, Joan Busquets  et le gratte ciel de Toulouse

 

Car la dernière modification du Plan Local d’Urbanisme ouvre la porte réglementaire à un immeuble de grande hauteur à Marengo dans le cadre du projet Toulouse Euro Sud Ouest, autrement dit l’aménagement du quartier de la gare Matabiau.

 

http://casa-nova-toulousemetropole.fr/le-gratte-ciel-de-toulouse/

 

A Toulouse les Immeubles de Grande Hauteur on les appelle pas des IGH mais des gratte ciel !

 

Ceci dit avec les 150 mètres autorisés par le PLU on ne va pas le gratter beaucoup le ciel, la tour Montparnasse culminant à 210 mètres, la Tour Eiffel à 325 mètres, pour rester dans les références hexagonales, le record du monde étant à Dubaï  avec les 829 mètres de la tour Burj Khalifa: record qui ne relate rien d’autre que la mégalomanie des commanditaires, dans des pays qui à l’heure ou le monde entier s’interroge sur le réchauffement climatique construisent avec l’argent du pétrole des pistes de ski réfrigérées sous les tropiques.

 

Mais revenons à Toulouse et voyons les raisons qui sont mises en avant pour justifier l’édification de notre tour à nous.

 

On nous parle d’abord d’un signal ; heu pour signaler quoi ? 

 

Comme on n’ose pas penser que le premier magistrat de la ville souhaite se signaler ainsi, on se dit que peut être c’est pour indiquer que là, il y aura des bureaux en vente, car avec un excédent de plus de 100 000 m2 de bureaux vides dans la métropole, il va falloir les vendre les 30 à 40 000 m2 hors de prix de la tour de Marengo elle même noyée dans un projet plus vaste qui prévoit alentour 300 000 m2 de bureaux pour 2030 !

 

Hors de prix oui,  car le principal obstacle à lever pour la construction de notre gratte ciel, c’est le financement, comme l’indique le Directeur d’ Europolia, société chargée  du projet TESO, qui sait bien que dans un marché excédentaire le prix des bureaux n’atteindra pas les sommets que la tour, elle, voudrait bien atteindre. 

 

Un Immeuble de Grande  Hauteur coûte très cher à construire, donc se vend cher:

 

Mais l’enthousiasme des investisseurs risque d’être tempéré certes par le prix, mais surtout par l’impact minime de la chose, pardon du signal !

 

Car à Toulouse, avec ou sans LGV à Matabiau, quelle sera la renommée d’un petit IGH de 50 étages maximum, certes judicieusement placé par Joan Busquets au dessus des voies de chemin de fer et visible des allées Jean Jaurès, mais néanmoins bâti  en contrebas de la colline de Jolimont qui culmine à  quelques 50 mètres au dessus du canal et couronnée de deux immeubles d’une cinquantaine de mètres de haut : l’aura altimétrique de notre gratte ciel sera donc amputée de 100 mètres … ce ne sera donc pas une érection de 150 mètres au dessus de la ville qui se dressera à l’horizon, mais un troisième immeuble même pas deux fois plus haut que ses deux voisins de Jolimont bâtis dans les années 60 au sommet de la colline.

 

Et seule une vision en venant du Sud permettrait de percevoir le gratte ciel dans toute sa hauteur.

 


 

Mais à défaut d’érection spectaculaire, son architecture pourrait alors créer l’événement,

 

comme l’indique Joan Busquets l’urbaniste en chef de Marengo qui monte au créneau dans la presse locale pour « vendre » le projet avec son savoir faire habituel. 

 

Il change le vocabulaire en remplaçant « signal » par « symbole », et en faisant un parallèle historique avec tourelles de hôtels du 16éme siècle qui caractérisent l’époque florissante des fortunes Toulousaines issues du commerce du pastel: sauf que là les fortunes qui investiraient auraient pour nom Vinci, Eiffage ou Bouygues …, des fortunes issues du commerce des autoroutes et des parking, peut être pas de quoi ériger un monument à la gloire du béton au dessus des voies de la SNCF, à l’heure ou les bus Macron contribuent à la lente agonie du rail populaire au profit de la route !

 

Il explique opportunément que le bâtiment se devra d’être beau et durable, bien que par définition une tour est énergivore, la performance énergétique des bâtiments passant par une compacité du bâti pour éviter les déperditions … le contraire d’une tour isolée et en plein vent.

 

Alors bien sûr faisons confiance aux architectes pour développer des processus d’isolation et de captage de l’énergie solaire ou géothermique afin de « verdir » le gratte ciel, mais comme le dit bien le professeur Busquets , cela passe par un investissement financier conséquent, un surcoût par rapport à une tour qui aussi belle qu’elle soit resterait énergivore. 

 

Et c’est bien cette capacité financière qui pose question… comme le soulignait le Directeur d’Europolia : on ne pourrait le construire, le gratte ciel, que s’il ne coûtait pas trop cher … !

 

 

 

Ainsi que ce soit en terme de signal ou de geste architectural, le bide nous guette …

 

avec un budget au rabais, une hauteur finalement étriquée, et une forme banale de tour, expression architecturale obsolète qui comme le craint le professeur Busquets  évoquerait plus les visions des urbanistes d’antan, que celle des contemporains talentueux ou progressistes qui préconisent des solutions durables, performantes d’un point de vue environnemental et cohérentes d’un point de vue urbain comme l’étaient les tourelles des Capitouls. 

 

En l’occurrence bâtir en grande hauteur à Toulouse n’est que gesticulation, dans l’une des villes de France les moins denses.

 

Et si Toulouse n’a pas eu de tour comme d’autres capitales c’est simplement parce qu’il n’y en avait pas besoin.

 

 

Aujourd’hui est-on face à un vrai besoin ou à une envie d’urbanistes fatigués et de politiciens incultes ?

 


 

D’autant que le côté utilitaire d’une tour de bureaux laisse dubitatif, et comme le souligne Joan Busquets, cette tour devrait avoir plusieurs fonctions logements, bureaux , hôtel … il y aura peut être du monde pour investir dans les derniers 50 mètres  (une quinzaine d’étages) mais qui voudra payer le prix fort pour occuper les 100 mètres qui seront en dessous ?

 


 

Enfin ne laissons pas détourner les propos des Toulousains qui se sont exprimés lors de l’enquête publique organisée sur ce projet qui a fait ressortir le désir d’une architecture « plus ambitieuse ».

 

Pas sûr que l’ambition dont parlaient ces citoyens soit de voir construire une mini tour, coincée contre la colline Jolimont, avec un budget au rabais donc d’une architecture à l’économie, remplie de bureaux qui ne feront qu’aggraver l’excèdent métropolitain, et qui ne solutionneront en rien le déficit en logement, pire qui n’assureront pas l’indispensable équilibre habitat/activités .

 

Le surcroît  d’ambition souhaité par les Toulousains pourrait aussi bien se traduire par des formes architecturales et urbaines moins érectiles et plus durables, qui répondraient aux besoins de tous et non aux envies de quelques uns.

 

Pour l’instant, et c’est heureux, le fait que le PLU permette de bâtir une tour de 150 m n’est en rien une obligation de la réaliser.

 

Gageons que le bon sens prendra le dessus et qu’en attendant l’arrivée des TGV à Matabiau, Toulouse Métropole réalisera qu’il y a suffisamment de grain à moudre pour achever d’ici 2020 et dans un site contraint, les travaux annoncés de la rue Bayard, des allées Jean Jaurès, du parvis de la gare avec la couverture partielle du canal … pour ne pas s’engager   en urgence dans l’aventure obsolète du gratte ciel !

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0