Que penser de l’incinérateur ?

 

Installé dans le quartier du Mirail, l’incinérateur ne fait pas partie du périmètre de l’association de quartier. Si nous abordons aujourd’hui ce sujet, c’est que nous sommes tous concernés. Construit en 1969, en même temps que la cité nouvelle du Mirail conçue par Candilis, présenté alors comme un équipement innovant, qui transforme les déchets en chaleur, il est aujourd’hui, si l’on en croit les études de l’association indépendante Zéro Waste, l’un des plus gros et plus polluants de France avec des émissions d’oxydes d’azote (NOx) qui dépassent la moitié de l’année la valeur limite réglementaire de 200 mg/Nm3, auquel s’ajoutent les 123 mg/Nm3 de l’incinérateur de Bessières, géré par le même syndicat Decoset. Arrivé en fin de vie, il doit être rénové ou reconstruit pour un investissement compris entre 185 et 350 millions d’euros. La concertation nous présente trois scenarii qui ne nous satisfont pas. Nous affirmons en effet qu’il existe une troisième voie, déjà expérimentée avec succès à Besançon : la réduction drastique des déchets destinés à l’incinération et la baisse de capacité de l’incinérateur.

 

 

A Toulouse, quels déchets sont incinérés ?

 

En 2020, 39% des ordures ménagères étaient constituées de déchets putrescibles potentiellement compostables. Au total, si l’on y ajoutait les déchets qui auraient pu être valorisés, ce sont 81% des ordures ménagères générées par chaque habitant qui n’auraient pas dû être incinérées.

 

Le défi actuel ne consiste donc pas à rénover les installations ou à construire des fours supplémentaires, comme cela a été fait de 1969 à 2006 (augmentation de la capacité annuelle de 90 000 à 285 000 tonnes), mais de détourner la majorité des déchets de l’incinération. Le taux de valorisation matière de Toulouse Métropole est très éloigné de ses objectifs réglementaires et devra doubler d’ici à 2030.

 

 

Pollution

 

On ne le sait pas, mais les déchets générés après traitement sont plus nombreux que ceux qu’on a traités (voir schéma ci-dessous). Selon la célèbre maxime de Lavoisier qui énonce que « Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme », l’incinération ne fait pas disparaître la matière : l’intégralité des matières entrantes en ressort sous forme de rejets liquides, solides ou (majoritairement) gazeux parfois toxiques. Sur 284 000 tonnes traitées, les principaux rejets sont le CO2, pour 230 000 tonnes, et les mâchefers pour 56 000 tonnes. L’ensemble des rejets représente 311 000 tonnes, soit 27 000 tonnes de plus que le tonnage de déchets incinéré. Cet écart correspond aux matières ajoutées lors du processus de nettoyage des fumées. Certaines de ces émissions ou nouveaux déchets générés sont préjudiciables à notre santé et certains (les REFIOM) doivent même être ensevelis à Graulhet, dans une installation de stockage de déchets dangereux.

 

 

Une concertation tronquée

 

Trois scenarii nous sont proposés :

 

  • La rénovation, déclinée sous deux propositions
  •  La reconstruction de l’usine
  •  Le maintien de l’usine en l’état et sa fermeture en 2030.

 

Dans la présentation effectuée par Decoset, il apparait clairement que le syndicat penche pour la rénovation ou la reconstruction en améliorant les capacités de l’incinérateur. Il est question « d’améliorer les performances environnementales », « d’optimiser la production d’énergie », « de continuer à assurer la production d’énergie », « d’améliorer le rendement ». Dans cette étude prospective, il n’est question à aucun moment de réduction du nombre de déchets.

 

En revanche, le maintien et la fermeture de cet équipement, à l’horizon 2032, est présenté de façon très négative. Nous serions confrontés à de graves problèmes logistiques et plusieurs quartiers et équipements publics seraient privés d’énergie.

 

Voir les trois scenarii proposés : https://colidee.com/o137p548/comprendre1414.htm

 

 

D’autre l’ont fait, pourquoi pas nous ?

 

Les résultats de la ville de Parme, en Italie, sont remarquables. En seulement quatre ans, la ville a réussi à réduire sa production totale de déchets de 15% et à augmenter significativement sa collecte séparée, passant de 48,5% en 2011 à 72% en 2015. Les déchets résiduels ont aussi baissé de façon spectaculaire, de 313 kg/hab./an en 2011 à 105 kg/hab./an en 2017, soit une réduction de 64% en 6 ans.

 

 

En 2008, confronté à la fin de vie de l’un des deux fours de son incinérateur, le Grand Besançon décidait de ne pas le rénover et de repenser l’intégralité de son système de gestion des déchets. Créé en 1999, cet incinérateur était pourtant destiné à produire de l'énergie sous forme de chaleur et d'électricité utilisé par des habitations et le CHU. En 2009, Besançon et les municipalités avoisinantes affichaient une quantité d’ordures ménagères résiduelles de 217 kg par habitant par an et un taux de collecte séparée de 38 %. Bien que leur performance fût déjà supérieure à la moyenne nationale et qu’ils étaient seulement tenus de réduire leurs déchets résiduels pour atteindre 180 kg pour 2015, la décision de fermer l’ancien four les a incités à être plus ambitieux. Le syndicat s’est fixé comme objectif d’atteindre 150 kg par habitant et de parvenir à 55% de collecte séparée, objectif dépassé en 2022.

 

Après sept ans de mise en œuvre, le Grand Besançon fait partie des territoires les plus performants en France en matière de réduction des déchets en passant de 53 000 tonnes de déchets incinérés en 2004 à 30 700 tonnes en 2020. Non content de ce succès, le syndicat se donne pour objectif d’atteindre une quantité de déchets résiduels inférieure à 100 kilos par personne.

 

 

Quelle solution pour Toulouse ?

 

A Toulouse, le chiffre est encore, en 2020, de 253 kg par habitant, un chiffre bien supérieur à Milan (190 kg par habitant), Besançon (150 kg par habitant), Parme (107 kg par habitant) et Toronto (75 kg par habitant).

 

 

Le calendrier de rénovation ou de reconstruction de l’incinérateur prévoit une mise en service en 2030. Selon Zéro Waste, cette période de sept à huit ans serait largement suffisante pour engager une politique de réduction des déchets ambitieuse, visant à diminuer massivement la quantité de déchets envoyée à l’incinération. Cette politique permettrait en outre à la Métropole de respecter ses obligations de réduction et de valorisation matière de ses Déchets Ménagers et Assimilés inclus dans la loi AGEC et le PRPGD.

 

 

Dans son étude, Zéro Waste estime qu’il est possible de diviser par deux la quantité de déchets envoyés à l’incinération par la Métropole de Toulouse d’ici à 2030. Cet objectif nécessiterait une politique ambitieuse de réduction des déchets faisant la part belle au compostage (traitement des biodéchets obligatoire à partir de janvier 2024), au recyclage (extension des consignes de tri à tous les emballages en 2023, dont en particulier les pots de yaourts, barquettes et films plastiques non recyclés actuellement) et au réemploi de mobilier, articles de sport, électroménager, etc. via des ressourceries.

 

 

Ainsi, qu’il s’agisse de la construction d’un nouvel incinérateur ou de rénovation de l’existant, il apparaît que la solution réside dans la diminution de sa capacité (actuellement surdimensionnée pour vendre des services d’incinération à d’autres collectivités).

 

Les besoins en capacité d’incinération sur Toulouse pourraient ainsi être réduits au minimum à 104 000 tonnes par an, ce qui serait suffisant pour envisager fermer en 2030, deux fours sur les quatre que compte actuellement l’incinérateur, et éventuellement aller plus loin les années qui suivent.

 

 

Pour en savoir plus sur l’analyse de la situation et les solutions préconisées, lisez le rapport très détaillé de Zéro Waste :

 https://zerowastetoulouse.org/wp-content/uploads/2022/07/Rapport_Incinerateur_Zero_Waste_Toulouse_Final.pdf

 

 

Déchets


Conseils de tri (extrait du guide du tri de la communauté urbaine)


Jours de ramassage

Ordures ménagères

les mardis, jeudis et samedis matin. Sortir les conteneurs verts la veille au soir et ne pas oublier de les rentrer le matin au plus vite (les piétons, surtout avec poussette, en seront ravis).

 

Papier, boîtes métalliques etc.

le vendredii matin. Sortir les conteneurs bleus le jeudi soir. Les rentrer aussi au plus tôt !

 

Verres

Des conteneurs enterrés (ou pas) sont disposés un peu partout dans le quartier. Ils sont vidés régulièrement.

 

Papiers

Des conteneurs pour le papier sont disponibles à proximité immédiates des conteneurs pour le verre. D'autres, non enterrés, peuvent également se trouver sur certains trottoirs assez larges (par exemple rue de Chalets).

 

La carte ci-dessous est un extrait de celle disponible sur le site de la mairie.

Les conteneur sont marqués en vert.

 

 

Compost

Des composteurs de déchets ménagers vont être prochainement installés dans le jardin du verrier. Inscription et renseignements auprès de Charles VILLEGIER, villegier.charles@orange.fr